#Pommes : Sandrine Legrand - La Ferme de la Maison Neuve
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Saint- Aubin- des- Préaux
En ce mois de novembre, les étals du magasin sont fournis en délicieuses
pommes locales de la Ferme de la Maison Neuve. Avant le confinement,
alors que la récolte touchait à sa fin, nous sommes allés rencontrer
Sandrine Legrand au milieu de ses vergers à Saint-Aubin-des-Préaux.
Le retour à la terre
A la
ferme de la Maison Neuve, l’arboriculture est une histoire de famille. La
grande aventure de la pomme débute en 1991 où les premiers arbres sont plantés
par le père de Sandrine. Figure de précurseur à l’époque, l’exploitation
convertie en bio depuis déjà 4 années. Ses parents ont d’ailleurs participé à
la création du logo AB. Il faut attendre 2007 pour que Sandrine reprenne
l’exploitation familiale. « Après avoir fait mes classes au lycée
agricole, j’ai exercé en tant que commerciale puis comme restauratrice. Mais je
suis revenue à mes premiers amours… » concède Sandrine. Néanmoins sa fibre
commerciale lui a permis de développer une clientèle 100% locale alors
qu’auparavant, l’ensemble de la production partait à Rungis. Cultiver en
production biologique était pour elle une évidence. Forte
de ses convictions, elle a occupé pendant trois ans la présidence de l’interbio
Normandie. Et depuis plus de 15 ans Sandrine adhère à des associations comme le
GAB (Groupement d’agriculteurs bio).
Boskoop, Cox, Reine des reinettes, Patte de Loup...
Sur toute la saison, une vingtaine de variétés se succèdent. Il en faut
pour tous les goûts mais pas que ! La culture de plusieurs variétés dans
un même verger a aussi un intérêt d’un point de vue agronomique nous
apprend Sandrine. A la floraison début mai, il faut que la fleur soit
pollinisée par le pollen d’une autre variété pour qu’un fruit se
développe. Pour cela, les abeilles sont de précieuses petites mains.
Leur présence est favorisée par les ruches disposées en bordure de
verger. Certaines variétés sont plus difficiles à polliniser que
d’autres comme la Boskoop par exemple. Pour aider cette capricieuse, des
arbres appelés « perpetu » ponctuent les rangs. Leur rôle est de donner
uniquement des fleurs pour favoriser la pollinisation.
Le goût et la couleur
La récolte se fait manuellement. Au sein d’une même variété il faut
parfois jusqu’à six passages dans les rangs pour ne récolter que les
pommes à maturité. « Le goût et la couleur sont de bons repères pour
savoir si la pomme est mûre » souligne Sandrine. « Mais parfois ce n’est
pas si simple…on doit mesurer le taux d’amidon pour en être
parfaitement sûr ». Si ce taux est bas, alors on se rapproche de la
maturité. Une fois la récolte terminée, il faudra s’atteler à la taille
des arbres à partir du mois de décembre. Entre les rangs, le désherbage
se fait mécaniquement. « On est obligé de le faire pour éviter que les
mauvaises herbes ne viennent concurrencer les pommiers ». En ce moment,
c’est la jument Fée qui assure le désherbage dans le verger. Et c’est
double intérêt car cela permet l’apport de fertilisant 100% naturel !
Gérer les imprévus et les ressources
La production d’un même pommier est aléatoire d’une année sur l’autre : « c’est très difficile à prévoir » concède Sandrine. Une chose est sûre, un pommier a besoin de beaucoup d’eau pour éviter la perte de feuilles…le climat normand y est favorable. Néanmoins cela ne suffit pas : il est impératif d’irriguer grâce à la source dont l’exploitation dispose. Plus que jamais, cette précieuse ressource est utilisée « au goutte à goutte » : « Les préconisations indiquent le double de volume par rapport à ce qu’on met dans le verger… » indique Sandrine. Les conditions climatiques ont aussi un impact sur les chutes de fruits. A la ferme de la Maison Neuve, les pommes tombées à terre serviront à faire du jus pour éviter des les perdre.
Pour la suite, Sandrine souhaite conserver le même volume de production soit environ 100 tonnes comme il y a 20 ans : « Je veux faire de la bio à taille humaine ». C’est tout le bien qu’on lui souhaite.